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Eric La Casa

: W² [1998-2008]



sortie : 2010
label : Herbal International
style : Field-recordings

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Tracklist :
CD1: 01/ Les Pierres Du Seuil Part 4 02/ Les Pierres Du Seuil Part 5 03/ Les Pierres Du Seuil Part 2 04/ S'ombre Part 1 05/ Spirale 3 06/ Les Oscillations Part 2 07/ Les Oscillations Part 1 08/ L'Inspir Du Rivage Part 2 CD2: 01/ Dans Le Feuillage Du Lointain, La Clameur D'un Bruissement 02/ Les Pierres Du Seuil Part 6 03/ Quelque Chose De Cela, Le Désert Part 1 04/ Les Pierres Du Seuil Part 8 05/ L'Air Au Fond Rouge 06/ Les Aubes Sont Navrantes

Dans le domaine du field-recording, je pense qu'Eric La Casa est l’artiste le plus intéressant, en France très certainement mais aussi également au niveau international, non pas tant pour la qualité de ses prises de son (même si elle est souvent exceptionnelle), que pour la démarche qu’il adopte. Eric La Casa se considère avant tout comme un musicien, voire comme un improvisateur, ce qui l’a amené à travailler avec de grands noms des musiques improvisées au cours des années ; des musiciens tels que Jean-Luc Guionnet, Seijiro Murayama, Axel Dörner, Pascal Battus et Bertrand Gauguet. Les prises de son de La Casa se font effectivement de manière très organique et interactive, le recorder n’hésite pas à modifier ses micros et à se déplacer selon le déroulement de ce qui est enregistré. La Casa n’enregistre pas de manière passive, mais il réagit à l’environnement qu’il saisit, et dialogue constamment avec lui comme deux improvisateurs le feraient entre eux.

Cette démarche et cette attitude sont manifestes lorsqu’il collabore avec des improvisateurs, mais elle se dévoile aussi très bien lors de ses travaux en solo, pour field recordings seulement. , compilation de pièces enregistrées par La Casa sur dix années, et publiée par la label malaisien Herbal International en 2010, rend bien compte du talent exceptionnel de La Casa. comme Water & Wind, soit deux disques, l'un consacré à l’eau et l’autre au vent. Au total, près de deux heures trente de field recordings. Oui, ça a de quoi en faire frémir plus d’un, mais ce n’est pas aussi éprouvant que ça en a l’air. Car il s’agit d’une suite de pièces indépendantes qui durent entre dix et vingt minutes, au maximum, juste la durée nécessaire pour bien pénétrer chaque univers, sans se lasser.

Sur ce double disque, les ambiances, les atmosphères et les univers sonores sont très variés. Sur le premier disque, consacré à l’élément liquide, par exemple, La Casa compose avec des sons provenant de gouttes d’eau dans une cave, d’enregistrements de l’océan, de rivière, du ressac, de l’interaction entre l’eau et la roche, l’eau et l’air, etc. Et quant au second volume, il touche autant à l’air expulsé par un ventilateur dans une usine qu’au vent pendant une tempête et à différentes formes de souffles naturels dans des milieux géographiques distincts. Comme on peut déjà le constater, les sujets enregistrés sont variés, mais c’est également l’approche qui varie en fonction des sujets. Dès la phase de prise de son, ou encore lors de l’édition, Eric La Casa rentre au cœur d’un élément sonore, en fait disparaître d’autres, il joue avec l’intensité de l’ambiance générale, puis avec la dynamique d’un seul son, le sujet est parfois très proche, parfois très éloigné, de multiples plans se distinguent, etc.

Eric La Casa parvient à composer avec les enregistrements pour ce qu’ils sont, en dehors de leurs références ; il les enregistre puis les équalise comme si c’était une matière instrumentale plus que comme s'il s'agissait de sons réels et concrets. La Casa sait littéralement jouer avec les environnements sonores : micros et focus se déplacent au gré des compositions et des structures pour composer des pièces très riches faites d’une multitude de plans, d’écarts de dynamiques, de superposition et de juxtaposition, mais aussi de timbres et de textures diversifiées, d’ambiances et d’atmosphères uniques et hors du commun.

De nombreux field-recorders ont une approche originale de l’enregistrement (comme Dave Philips ou Francisco Lopez pour ne citer que les plus connus), mais si Eric La Casa me plaît autant, c’est pour cette approche unique de la prise de son, où l’enregistrement et l‘environnement sont vécus de manière aussi organique et interactive. C’est cette proximité avec les méthodes de la musique improvisée qui rend à mon avis ses prises de son aussi vivante, variée, profonde et unique surtout. On reconnaît très bien les sources, elles ne sont pas tellement modifiées, mais l’angle sous lequel elles sont approchées les rendent uniques et inouïes, et mettent en avant la perspective de La Casa et sa subjectivité. Eric La Casa est peut-être l’oreille parfaite dans laquelle j’aime m’immerger pour écouter le monde différemment.



Chroniqué par Julien Héraud
le 18/12/2013

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